S’exprimer sans alcool
Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la sobriété. N’empêche que mon année sans alcool m’a tellement apporté que je ne pouvais pas ne pas en parler ici.
Lors de mon post sur Instagram où je parlais de mon année sans alcool vous avez été nombreux à me demander comment j’avais fait. Si je m’étais fait accompagnée.
La réponse est non. Pas pour l’alcool.
C’est juste arrivé, comme ça, parce que c’était le moment et parce que j’étais prête.
Pas prête à ne plus boire. Prête à tenter l’expérience de m’exprimer vraiment sans avoir besoin de l’alcool pour casser mon autocensure.
Pendant dix ans de ma vie j’ai refoulé, accepté, intériorisé énormément de choses que je vivais en moi. J’ai beaucoup excusé les autres pour des comportements douteux, j’ai pris beaucoup sur moi. Mais à chaque week-end, le monstre était de retour.
Je buvais jusqu’à être ivre morte. Et je buvais pour une seule raison (que j’ai mis 10 ans à conscientiser) : pouvoir dire ce que je voulais aux autres.
Alors la semaine j’étais la personne la plus serviable qui puisse exister. Je ne criais pas, ne me mettais pas en colère, essayais de ravir tout le monde, de prendre soin de tout le monde. Et le week-end j’extériorisais. Toutes ces fois où on m’a sifflée dans la rue, fait des remarques plus que limites et où sur le coup je n’ai pas su quoi répondre. J’avais honte même qu’on puisse me trouver désirable ou jolie.
Je pensais même que si quelque chose m’arrivait c’est parce que j’avais fait quelque chose de mal.
Et le week-end, bien alcoolisée, je crachais sur un videur parce qu’il voulait me virer du coin fumeur. C’est comme si l’énergie de violence, de défense, de rébellion que j’avais enfoui au fond de moi la semaine ressortais le week-end sous l’emprise de l’alcool de manière encore plus violente que ce que ça aurait pu être si j’avais agi tout de suite, si j’avais exprimé ma limite.
Encore une fois beaucoup de femmes se censurent suite à l’éducation et au conditionnement sociétal que nous avons reçu : une fille ne crie pas, ne dit pas non, elle peut pleurer parce qu’elle est sensible mais ne se met pas en colère.
NON.
J’ai ressenti parfois à l’intérieur de moi une telle rage (pas forcément conscientisée en plus), qui a parfois poussé certains individus à s’en prendre à moi. Ca n’excuse rien de ces comportements, mais ça m’a permis de reprendre ma responsabilité dans certaines situations où je ne comprenais pas ce qui s’était passé.
Mais quand tu dégages de la haine et de la rage envers quelqu’un : crois moi il le sens. Comme avec les chevaux d’ailleurs.
Pour en revenir à l’alcool je ne pense vraiment pas que ça ait été la cause du problème. C’était vraiment la conséquence d’un manque d’expression et d’émotions refoulées.
D’ailleurs mon foie n’est jamais allé aussi mal que l’année où j’ai arrêté de boire complètement : ironique hein ?
Là encore, c’est juste parce qu’il y avait beaucoup d’émotions que je n’exprimais pas (notamment la colère) et qui venaient charger mes organes (le foie). Il m’a fallu apprendre à DIRE LES CHOSES.
Et oui au début C’EST MALADROIT. Mais les gens comprennent quand tu expliques que tu es dans un processus où tu essaies de dire les choses, donc qu’il ne faut pas qu’ils le prennent personnellement.
C’est vraiment difficile de dire ce qui nous dérange quand on a été habituée toute sa vie à faire avec, à endurer ce que les autres nous imposent sans jamais broncher. C’est vraiment difficile d’oser. On a parfois l’impression qu’on va mourir.
Mais une fois qu’on ose c’est tellement satisfaisant !! Je me rappelle de la première fois que j’ai osé dire non, je me suis offert une orchidée pour célébrer ça ! Et je t’invite à faire de même : prends le temps de célébrer chaque petite victoire, c’est tellement important. Surtout face à des sujets comme l’alcool.
Pour conclure : non je ne suis pas arrivée à faire un an sans alcool comme ça du jour au lendemain. J’avais déjà essayé de faire une semaine, un mois, deux mois. Mais à chaque fois il y avait un évènement (un anniversaire, un repas avec des gens que je ne souhaite pas voir, une fête avec trop de personnes…) et je replongeais. Et c’est dans ces moments où tu replonges que tu dois t’apporter le plus d’amour et arrêter de culpabiliser de ce que tu fais subir aux autres. Quand ton intention est d’aller mieux, tu ne peux pas mal faire même si tu as libéré le monstre en toi une fois de plus. C’est sûrement qu’il avait encore besoin de sortir.
N’hésite pas à me contacter ici ou par mail si tu veux me partager ton histoire et me poser des questions je serais ravie de t’apporter encore plus de clefs en te témoignant mon parcours. Je n’ai pas la vérité par rapport à l’alcool mais j’aurais aimé, quand j’étais toute seule face à ça, avoir quelqu’un qui me comprenne.
Avec tout mon amour
Clothilde