Enfant dyslexique, comment lui venir en aide ?
J’ai envie aujourd’hui d’écrire une série d’articles liées aux troubles des apprentissages.
Ces dernières années j’ai eu la chance de travailler avec beaucoup d’enfants et ils m’ont énormément enseigné.
Dans cet article je vous parlerai de la dyslexie.
Tout d’abord la dyslexie c’est quoi ? C’est un trouble du langage écrit qui se manifeste par des difficultés à lire ou à écrire. Il existe plusieurs types de dyslexie (que je ne préciserai pas ici car ça m’importe peu).
Ce qui compte pour moi c’est de comprendre la spécificité de chacun, ses besoins et sa manière d’aborder le langage.
J’ai reçu beaucoup d’enfants en milieu de CP où les enseignants disaient aux parents que l’enfant présentait très certainement une dyslexie.
Pendant longtemps ça m’a mise en colère, très en colère. Déjà parce que une dyslexie en milieu de CP c’est impossible. L’enfant est en pleine phase d’apprentissage de la lecture. C’est beaucoup trop tôt.
C’est très difficile, très coûteux pour lui. Imagine un peu si on te demandait d’écrire le chinois et que 6 mois plus tard on te disait que tu avais très certainement une pathologie. Rude.
Le temps : les enfants n’ont pas les mêmes besoins, y compris dans le rythme auquel ils apprennent.
Aussi pour la plupart de ces enfants qui ne parvenaient pas à rentrer dans le cadre que le système scolaire leur propose j’ai observé qu’il n’y avait pas que ça. C’était tous des enfants avec des personnalités affirmées qui ne pouvaient pas entrer dans un moule qu’on avait construit pour un collectif. Ils avaient tous besoins qu’on comprennent leur propre façon de fonctionner, leur manière d’apprendre, la manière qu’il avait de lâcher l’attention ou au contraire de la garder.
Et surtout qu’on arrête de faire des projections sur eux.
Souvent, quand l’enfant n’arrive pas à faire quelque chose ça met l’adulte dans une émotion de frustration où il peut même parfois se mettre à douter de ses propres compétences. Néanmoins j’ai observé aussi qu’il était beaucoup plus facile de dire que c’était l’enfant qui avait un problème plutôt que de lui laisser dire ce qu’il ressentait ou lui laisser le temps de faire ses propres expériences.
Attention je ne suis pas en train de cracher sur les enseignants, c’est un constat. Est-ce qu’ils n’ont pas les moyens nécessaires ? très certainement. Est-ce qu’on ne doit pas faire mieux ? Je pense que si.
Rapidement pour l’enfant, il associe la lecture avec quelque chose qui le fait se sentir mal : il doit rester à la récréation plus longtemps que les autres pour finir son travail, le soir quand il rentre il a encore une heure de devoirs parce qu’il n’a pas pu tout terminer à l’école.
On marche sur la tête non ? C’est comme si toi, après ta journée de boulot tu rentrais et au lieu de faire un petit apéro avec ton mec tu devais encore continuer tes tâches gratuitement pour faire plaisir à ton patron. Et souvent ton patron ne remarquera même pas à quel point ça t’aura demander un effort.
En plus de cela, tous les mercredis l’enfant va chez l’orthophoniste “parce qu’il en a besoin", “parce qu’il est en difficulté”. C’est quoi ce narratif qu’on leur ancre dans la tête ?
Non ils n’en n’ont pas besoin. Du moins pas plus que les autres. Ils ont besoin d’adultes capables de les guider. Capables de les écouter, de comprendre leurs fonctionnements pour pouvoir leur servir de tuteur pour les aider à grandir.
Alors comment on fait pour être un bon tuteur pour que la plante, si chère à nos yeux grandisse ? L’apprentissage. Oui les parents doivent apprendre. Apprendre à ressentir leurs émotions pour ne plus vouloir agir pour aider l’enfant à tout prix. Apprendre à exprimer leurs émotions pour montrer l’exemple. Et surtout apprendre à observer et à écouter. Pour comprendre, pour tirer des leçons de l’enfant. Pour avancer ensemble, sans que ça soit pénible et dans le jugement.
Et surtout ne pas prendre personnellement le fait que l’enfant réussisse ou non. L’important n’est jamais le résultat, c’est le processus d’apprentissage. Si la lecture devient quelque chose de positif pour l’enfant, qu’il y gagne quelque chose, que le moment est agréable : alors la prochaine fois il aura envie de recommencer.
Du coup tu demandes, bah oui mais on fait quoi du coup ?
Déjà pose un cadre : pour toi, pas pour lui. Dis toi que par exemple au moins 15 minutes par jour tu prends vraiment le temps de l’écouter, sans l’interrompre. De le laisser s’exprimer sans interférer. Sans vouloir l’éduquer, le faire obéir ou je ne sais quoi. Puis pars de ce que l’enfant te propose. TOUJOURS. Prends le temps d’écouter son propos. S’il aime les Pokémon prends le temps de vraiment t’intéresser, de reformuler pourquoi il aime tant les Pokémon. Lequel est son préféré ? A partir de ce qu’il te donne tu auras matière à travailler par la suite : écrire une BD à partir d’un des Pokémon par exemple. Construire un jeu à partir d’un dessin animé qu’il aime.
Le but est de ne PAS TRAVAILLER LA LECTURE ET L’ECRITURE directement. Mais de s’en approcher, de manière détournée, pour qu’il y trouve un intérêt. Pour qu’il y mette du sens, qu’il se sente bien et fier de lui. C’est ça la clef. On veut qu’il soit ouvert et disposé pour apprendre. Sinon ça ne passera pas.
Ca demande déjà à l’adulte de pratiquer cela pour lui. De mettre du sens derrière ses actions, de ressentir ses émotions et de voir pourquoi il est en réaction plutôt que dans l’écoute.
Faut vraiment pas le voir comme du travail sur soi, plutôt comme un jeu de piste vers la liberté d’expression. Crois moi, l’enfant est toujours là pour t’aider à faire sauter les verrous de ta propre expression.
Aussi je ne crois guère en la dyslexie telle qu’on nous la décrit actuellement. Pour moi c’est un symptôme, c’est la partie qu’on voit mais il nous faut plonger au fond pour aller défaire certains nœuds et mettre de la lumière sur des fonctionnements intérieurs. Se dire dyslexique est une étiquette de plus qu’on choisit de porter ou non. Mais ne faisons pas croire aux enfants qu’ils “sont dyslexiques”, ils sont bien plus que cela.
Le propos ici n’engage que moi. N’hésitez pas à m’écrire ou à laisser un commentaire je serais ravie de vous lire.